Motocross des Nations 2010 : Les USA restent maîtres chez eux

Très attendu et ponctuant la saison mondiale, le Motocross des Nations est l’unique occasion pour les pilotes d’oublier leur intérêt personnel et de courir officiellement pour leur pays. Composée de trois éléments, chaque équipe nationale engage un représentant en MX2, en MX1 plus un troisième en catégorie Open (cylindrée à la discrétion de chaque team).

Côté déroulement de l’épreuve, trois manches sont au programme où chaque catégorie s’affronte tour à tour : MX2/MX1, MX2/Open et enfin MX1/Open.
Les cinq meilleurs résultats (sur six) sont retenus et déterminent les vainqueurs.

Les USA en toute logique

Déjà indomptables hors de chez eux, les pilotes américains savent se sublimer lorsqu’ils évoluent à domicile, devant leur public. La fierté de porter sur les maillots, casques et flancs des machines, la représentation de la bannière étoilée n’est pas un vain mot.

Preuve est encore faite cette année puisque la triplette Dungey (MX1), Canard (MX2), Short (Open) remporte un vingt-et-unième trophée Chamberlain pour le compte du team USA alors que Ryan Villopoto (blessé) et James Stewart sont absents.

Sur le tracé en altitude de Lakewood (au sud-ouest de Denver), Ryan Dungey (Rockstar Makita American Suzuki) tient parfaitement son rôle de chef de file en gagnant les deux manches auxquelles il prend part tandis que ses équipiers tiennent leur rang.

Andrew Short (Red Bull American Honda), troisième du championnat américain MX1 2010 et auteur de deux holeshots, assure des bonnes places (13e/2e) malgré une chute en manche MX2/Open tout comme Trey Canard (Honda Geico Powersports), Champion US MX2 2010, qui termine douzième puis septième.

Derrière, ce sont nos voisins belges qui montent sur la deuxième marche du podium final. Débarquée avec de bons espoirs de victoire, la délégation d’outre-quiévrain fait le boulot mais sans être en mesure de contrarier les futurs lauréats.

Face à Canard, Musquin (Red Bull KTM, France) ou Roczen (Teka Suzuki, Allemagne), Jérémy Van Horebeek (Kawasaki CLS) fait mieux que se défendre (13e/10e) bien que sa blessure au pouce (contractée au GP de Fermo) le diminue quelque peu.

La mission revient surtout aux officiels Teka Suzuki Rockstar, Clément Desalle et Steve Ramon, de s’installer aux avant-postes. Et c’est peut-être là que la Belgique laisse filer la victoire au général (sept points de retard). Si les résultats restent tout à fait conformes, la valeur intrinsèque des deux hommes permettait d’espérer encore plus. Surtout que Clément était venu se frotter aux locaux mi-août (2e à Unadilla derrière Dungey).

Hélas, le Wallon se ressent encore de sa chute de Lierop et ne s’exprime pas à 100% (3e/4e) alors que Steve Ramon nous fait du « Steve l’épicier » (7e/6e) en souffrant de la chaleur. Malgré tout, on attendait la Belgique sur le podium et à ce niveau, elle ne déçoit pas au contraire d’autres nations comme la France.

Le chat noir français était orange

Deuxième des trois dernières éditions (encadrée par les USA et la Belgique), la France se présente sur le sol américain dans d’excellentes conditions. Avec Marvin Musquin (double Champion du Monde MX2), Gautier Paulin (vainqueur d’une manche au MXDN 2009 et restant sur deux podiums de GP en fin de saison) et Xavier Boog (meilleur rookie du Mondial MX1 avec une septième place finale), notre délégation a fière allure. On en oublierait presque le forfait sur blessure de Christophe Pourcel (2e du championnat US MX2 en 2009 et 2010).

Les évènements tournent malheureusement rapidement en notre défaveur. Dès les manches qualificatives par cylindrée du samedi, Marvin Musquin passe un peu au travers (5e) en MX2 et Xavier Boog (Kawasaki Racing Team) chute et se blesse en Open (30e). Seul Gautier Paulin (Yamaha Rinaldi Monster) rassure l’entourage tricolore en prenant la troisième place en MX1. Loin d’être la meilleure entrée en matière, nos chances restent intactes grâce au mental des garçons d’autant qu’inquiétante à la base, la blessure de Boog ne l’amène pas à déclarer forfait ce qui aurait été rédhibitoire.

En définitive, le maillon faible de l’équipe est Marvin Musquin…ou plutôt la machine de Marvin Musquin. Etrennée à Fermo et donnant satisfaction, la nouvelle KTM 250 SXF à injection s’avère capricieuse à Lakewood et contraint le Français à un double abandon. Dès lors, il devient impossible de jouer la gagne et même le podium et les performances de Boog (11e/7e) et Paulin (5e/9e) - émaillées de quelques chutes - prennent un caractère anecdotique. La France finit en septième position générale.

Il est vraiment dommage qu’un choix relevant plus du marketing que purement sportif plombe les chances françaises. Un sentiment partagé par le sélectionneur national, Olivier Robert : « On y a cru pendant un quart d’heure, quand Gautier et Marvin étaient respectivement cinq et septièmes de la course MX1/MX2 alors que dans le clan Américain Canard avait chuté au départ. Tout s’est écroulé quand Marvin a connu son problème mécanique et a du abandonner, d’autant que dans la course suivante le même problème est réapparu et a définitivement ruiné nos chances de podium. On est déçu car nous n’avons pas pu nous exprimer, et l’image de KTM qui a mis une nouvelle moto à la disposition de Marvin est écornée. Nous étions venus pour jouer la gagne, Xavier et Gautier n’avaient rien à gagner au départ de l’ultime manche mais tous deux ont fait leur travail jusqu’au bout. Je pense que les Américains étaient prenables, il n’y a qu’en dernière manche qu’ils ont surclassé leurs rivaux. On repart déçus, mais les Américains nous trouverons encore sur leur route l’an prochain à Saint Jean d’Angély ».

Alors, qui sur la dernière marche ?

C’est finalement l’Allemagne, emmenée par un incroyable Ken Roczen (6e/3e) qui décroche, par le plus petit des écarts, le dernier accessit de l’édition 2010 du MXDN face à la Grande Bretagne. Secondé par Marcus Schiffer (MX1) et Max Nagl (Open), le vice Champion du Monde MX2 2010 se permet même le luxe de jouer un temps la gagne en manche MX2/Open face aux pilotes Red Bull Honda, Andrew Short et Ben Townley (Nouvelle Zélande), finalement vainqueur. Dire que Roczen amène à lui seul cette place serait un manque flagrant de respect envers ses acolytes mais nous ne sommes quand même pas loin des faits.

Coup de chapeau, en tout cas, à l’étonnante sélection anglaise. Il faut bien avouer qu’en l’absence de Tommy Searle et Shaun Simpson, on ne donnait pas grande importance aux chances britanniques mais l’apport de Dean Wilson (Kawasaki Pro Circuit, 4e du championnat US MX2) se montre déterminant (8e/6e). Même constat pour Brad Anderson (PAR Honda), Champion anglais MX1 2009, habituellement cantonné à son championnat national qui tire à merveille son épingle du jeu (8e/11e) et compense la prestation en demi-teinte de Jake Nicholls (37e/12e, HM Plant Red Bull KTM UK).

Compter sur ses équipiers, c’est certainement ce qui coûte un podium à l’Italie. Le forfait de David Philippaerts (Yamaha Rinaldi Monster) affaiblit fortement l’équipe transalpine car, hormis Antonio Cairoli (2e/4e), Manuel Monni (9e/15e, Yamaha 3C) et Alessandro Lupino (20e/25e, Yamaha Ricci Monster) apparaissent bien légers. La Squadra azzura termine cinquième.

Dungey/Cairoli, le choc

Au-delà de la confrontation par équipe, le MXDN est une des rares occasions de voir s’affronter deux mondes évoluant en parallèle le reste de la saison : le Mondial MX et le championnat US. Alors, imaginez l’attente autour du duel entre le Champion du Monde MX1 (Antonio Cairoli) et le Champion AMA MX1 (Ryan Dungey)…une sorte de titre unifié pour déterminer le meilleur pilote de la planète MX.

A ce petit jeu, Ryan Dungey ressort aussi large vainqueur. Pourtant l’espace de quelques tours en manche MX2/MX1, Antonio Cairoli (Red Bull KTM) met à mal la domination de son adversaire. Mais, handicapé par ses problèmes d’asthme - à cause de l’altitude -et commettant quelques fautes, le petit Sicilien préfère calmer le jeu et éviter la blessure éliminatrice. En manche MX1/Open, c’est un mauvais départ du World Champ’ qui nous prive d’un second opus et nous laisse sur notre faim.

Qu’à cela ne tienne. Ce n’est que partie remise et on a déjà hâte d’y être, surtout que l’édition 2011 du MXDN aura lieu chez nous, à St Jean d’Angély (Charente maritime).