Salut tout le monde !
Le Mans, circuit du Bugatti ce week-end du 21 et 22 juillet. Le challenge Protwin en est à sa cinquième course de la saison et c’est sur ce tracé mythique que je décide de m’inscrire pour ma deuxième épreuve 2007.
Pourquoi celui là ?.... Pas parce que j’y roule plus vite qu’ailleurs, mais parce qu’il n’est pas loin et que ma logistique est toujours aussi délicate !
D’ailleurs, pour emmener la « structure », enfants, femme et homme, je me résous à louer un fourgon sept places. 320 euros. Glups… Cette course à 270kms de chez moi me coûte 1000 euros !... Et encore, tout c’est bien passé !... Pas de casse, pas de panne, pas de chute !....
Pour Le Mans comme pour le Vigeant, tout se fait un peu à l’arrache. A vouloir tout faire, je garde l’impression de ne rien faire convenablement et ça me dépite. J’ai horreur de ça. Et comme la dernière fois, je doute. Est-ce que je dois y aller puisque rien ne va ?... Deux mois se sont écoulés depuis la première course. J’ai timidement fait évoluer la moto en châssis pour résoudre mes problèmes de tenue de route et de destruction de pneus… J’ai roulé 30 minutes au Mans… Le temps de me rendre compte que rien ne va, de déchiqueter un pneu arrière et de signer un très décourageant 2minutes 00 au tour !.... Aïe !
Mardi soir je démarre la moto et… fuite au collecteur… je me penche… nan !... il est fêlé ! Aller tant pis, je le ferais braser demain après le boulot… Sauf que je suis rentré à 19h30 et que je pars le lendemain matin… Qui va me faire ça maintenant ? Je frappe au garage agricole du village !... Et Joël débarque chez moi avec son camion d’intervention !... Je m’accroupis, couche la moto sur une cuisse et en deux minutes c’est réparé !... 20h00.
Jeudi matin, récupération du fourgon… 120ch, sept places, 12m3… que du bonheur ! J’ai encore la place de mettre une deuxième moto et deux gosses !....
On décolle à 15h00 pour Le Mans, cool… Sauf que… histoire de bien douter et me donner envie de rentrer chez moi pour de bon, je me met plus bas que terre en me trompant trois fois d’itinéraire sur l’autoroute !... Un parcours que je connais par cœur !!!
Je suis vraiment à coté de la plaque et l’idée de rentrer à la maison et d’en rester là est plus présente que jamais !... Après une longue pause sur l’autoroute, je m’endormais au volant, et 200 Km de trop, nous voici au Mans… il est 20H30 !... Le temps d’arriver au circuit, de décharger, d’installer le campement pour pouvoir faire manger les enfants et les coucher, il sera bien trop tard. Je décide de faire une coupure dans une de ces sandwicheries américaines où le but premier est bien de défouler les enfants dans les airs de jeux plus que de s’alimenter !
21H30, les orages éclatent, le ciel s’abat sur Le Mans, on saute dans le fourgon sous des trombes d’eau… direction le circuit en se demandant comment on va faire pour s’installer dans ces conditions !?!.... Demi tour ?....
Sur place, il ne pleut plus… montage de la tente… de nouveau le ciel se déchire… il est vraiment tard, le camion est encore plein, la moto à l’intérieur, les enfants sont énervés, les parents entre deux eaux !... Je finis de décharger et d’installer sous la flotte, torse nu. Mon tee-shirt était devenu trop lourd à porter !
1H00 du matin, on s’effondre dans sur nos matelas…. Demain est un autre jour, tomorrow is an another day !.... Je fais des efforts, on a quand des machines américaines en tête du classement général !
Vendredi, une seule série d’essais libre à 16H30 !... C’est trop peu et en plus ça tombe pendant le goûté des enfants !
La matinée se passe à finir d’installer le campement et notamment la tente pour lutter contre le vent et l’eau sachant qu’on nous interdis de planter des piquets dans le sol !.... L’après midi, c’est mécanique dans l’urgence !... Changer le pneu arrière, pignon, couronne et surtout travailler sur ce foutu châssis !
J’ai pu parler avec Peter Clark… Qui c’est ce Peter ?... De l’Or pour les pilotes ! Peter je le croise sur les paddocks depuis mes débuts en 1996. Et il n’a pas changé ! Toujours à l’écoute, toujours disponible, Peter a du rendre service à tout le monde un jour ou l’autre !... Passionné de mécanique et plus particulièrement de moto, Peter est aujourd’hui à son compte et prépare des motos de compétition. Son CV et son palmarès son impressionnant. Aujourd’hui il bichonne la Buell de Michel Amalric et trouve malgré tout le temps de nous conseiller et de passer dans nos tentes prendre des nouvelles, orienter nos réglages. Vous en saurez plus sur : http://www.esprit-racing.com/team/pecl.htm
Enfin. Diagnostique de Peter, la moto est trop sur l’avant, l’hydraulique est mal réglée en compression comme en détente, l’huile que j’ai changée avant de venir n’est pas bonne. Ca c’est pour la fourche !... L’amortisseur ?... hydraulique mal réglée en compression comme en détente et ressort trop dur… mais ça on me l’avait déjà susurré à l’oreille !...
Bon je remonte l’avant de la moto, règle l’assiette, Peter joue du tournevis dans l’hydraulique et pour le reste on fera avec ce we… enfin sans !...
C’est l’heure déjà !... J’ai fini en catastrophe. Tout le monde est en tenue alors que je ne fais que sortir des wc !.... Le stress hé hé hé !!!!
Il a fait très lourd toute la journée… On s’élance… encore un tour et… un orage éclate !... On rentre à la tente… 15 euros, 2 tours, comportement de la moto pas génial, demain qualification !... Super.
En soirée Peter passe. « Alors ? »… Je ne vous imite son accent Néo Zélandais qui à lui seul suffit à le rendre sympathique !... On s’explique… Il trifouille la précontrainte de la fourche… 2 clics par ci 2 clics par là toujours le sourire et disparaît dans une autre tente !...
Qualification du samedi, pneus neufs et un mécanicien d’élite !... Florian, ancien protagoniste de la coupe Ducati et vainqueur de la seule course de protwin qu’il ait fait en 2002, est là !...Et ça, c’est du confort.
Cette première séance ne se passe pas trop mal. 26ème en 1’53’’3… C’est toujours mieux que le 2 minute du mois dernier !... La moto ?.... Lourde dans les changements d’angle rapides comme la chicane du chemin aux Bœufs… l’arrière pompe encore sur les grosses accélérations comme à la sortie du virage du Musée… et surtout je ne peux reculer aucun freinage… j’ai l’impression d’avoir un attelage avec une caravane et que cette dernière me pousse aux fesses !
Grande concertation sous la tente avec Florian et Fred, un autre ancien protagoniste de la Coupe. Que faire ?... Une chaise, une bière et on met tout à plat… Les bouteilles vides, on enlève un tour de ressort à l’arrière, 2 clics en compressions, 2 clics en détente et plus 3 millimètres en assiette. Pas question de tout révolutionner si près de la course alors que la moto n’a jamais été aussi bien. Tout en étant loin d’être parfaite.
La journée est bien avancée, je me joins au briefing des Protwin. La partie formelle est terminée. Pardon !
Qualifications du dimanche. Le ciel est toujours mitigé et c’est sous quelques gouttes que l’on part. Je crois que tout le monde à conscience qu’il faut vite faire un chronos avant que ça ne dégénère et c’est peut être ce qui cause toutes ces chutes !... Au bout de deux ou trois tours c’est le drapeau rouge. Le numéro 26 vient de chuter lourdement à la sortie des esses bleues. Pilote chiffon, moto brouillon, tout le monde au stand… 5 minutes plus tard la piste est de nouveau ouverte, la tension doit monter doit cran, j’ai l’impression de voir des drapeau jaunes partout !... Synonyme de chutes et d’interdiction de dépassement.
Je n’ai pas trouvé trois tours propres que je me retrouve bloqué dans le trafic… La séance s’achève et je n’ai pas pu confirmé mes bonnes sensations. Si la moto est toujours lourde à engager, elle réagit enfin bien aux freins et godille moins sur les accélérations. J’ai tout de même amélioré mon chrono de 6 dixièmes, 1’52’’7 mais je ne gagne aucune place sur la grille de départ.
14h00 et quelques excursions aux toilettes plus tard nous voilà sur la grille de départ.
Vous avez le courage de lire la suite ?... On se fait la course ????....
RÔÔÔÔÔ…. 8000 tour/mn…. Vert…. Je ne m’arrache pas très bien de ma ligne… le premier virage est loin. La courbe Dunlop. Je pars milieu de peloton et je redoute l’instant où les quarante pilotes vont se pointer à l’entrée du virage à fond de cinquième vitesse !.... D’un coup j’ai l’impression que tout le monde se relâche… je soude… observe… passe à droite… à gauche… la sensation est bizarre… c’est comme si ils étaient arrêté… puis j’arrive derrière Pépito (José Lattuada n°30 Ducati 999)… en proie à des problèmes de coupures d’injection, il est à basse vitesse !... Je veux le déboîter mais je suis coincé entre le point de corde et les pilotes qui me tassent sur ma gauche…. Je perds pas mal de places !.... GRrrrr…. C’est grave… La fête ne fait que commencer ! Je boucle le premier tour en 17ème position… C’est pas mal… le peloton s’étire… Ca va être moins brouillon mais il faut faire vite pour attraper un bon wagon.
2ème tour, Patrick Lechaix (n°16 - Ducati 996R) et Ludovic Loeul (n°100 Ducati 998 R) abandonnent, je passe Pépito toujours en difficulté avec son mulet après que le moteur de sa moto fétiche ait rendu l’âme aux essais.
3ème tour, je double la superbe Voxan n°117 de Broussely Gérard. Il l’emmène très bien, mais elle manque un peu de chevaux. Pascal Chrétien (n°20 Ducati 1098) que je ne connais pas mais qui m’a l’air chaud bouillant me passe comme une balle !... Souvent au tapis depuis le début de la saison il est malgré tout très rapide (1’47’’6 en course) et je ne cherche même pas à le suivre dans sa remontée après un tout droit dans le premier tour ! Pointé 29ème, il remonte tout de même 5 ! Oups…. J’ai l’air malin avec mon récit de course !... Je fais quoi ?... On rentre à la maison ?... Nan, je plaisante !... Gazzzzzzzzz !
4ème tour, la mécanique de la Buell n°34 de Michel Amalric le trahit alors qu’il était 4ème. . . je passe 13 après avoir doublé le n° 85, Fontaine Franck et sa JLS 1000 qui si je ne me trompe pas est un bien joli proto mue par un TLR 1000 Suzuki.
Dans les boucles 5 et 6, je bute sur la n°23 emmenée par Dutipek Selim. Un MA-GNI-FI-QUE proto en carbone propulsé par un RSV 1000 Aprilia ! Une machine vraiment très belle que j’avais déjà lorgné à la course du Vigeant sans avoir eu le temps d’aller la voir de prêt.
C’est dans le 7ème tour et à l’entrée des « esses » bleus que je trouve la faille et m’engouffre à l’intérieur pour lui chiper la 11ème place.
Il n’y a plus personne devant… plus de pilote pour cible . Déboussolé un bref instant, je m’applique de suite et descends mes chronos tour après tour jusqu’à faire un honorable 1’50’’1.
Mon ami Laurent Termeau m’offre malheureusement la 10ème en tâtant du bitume avec la splendide 998R développé par Gérard, une véritable Superbike ! Il était visiblement seul à contester la victoire annoncée de Frédéric Bottoglieri. Il signe néanmoins et de loin le meilleur temps en course avec un superbe 1’45’’6 ! Le seul à avoir roulé sous la barre des 1’46 !!!
Mais, comme au Vigeant, je ne vais pas profiter de cette 10ème place longtemps. En proie à une perte de motricité, je dois rendre la main dans les deux derniers tours. Plusieurs belles glisses me rappellent à l’ordre… Perturbé, je m’embrouille même dans un rétrogradage à l’entrée de la chicane Dunlop et ressorts avec un rapport de trop… l’affaire est faite, l’Aprilia de Serge Scherer me croque… Je reste attentif jusqu’aux esses bleues… il ne commet pas d’erreur…Drapeau à damier… Je suis 11ème et heureux.
Pour cette 2ème sortie, j’ai progressé tout le we. La moto a bien évolué en châssis. Reste à changer le ressort Olhïns ! Et ceux de la fourche probablement. Le moteur est extra et tourne merveilleusement rond ! Aucun trou et une allonge… elle respire !...Merci Pat’ !
Bilan de la course…comme au Vigeant, je rentre dans les points grâce à 6 abandons directs. Il faut se satisfaire... Si j’avais assez de talent pour rester 4 ans sans rouler et revenir au top ça se saurait depuis longtemps ! Chaque moment en selle est du bonus alors gazzzz !.... Et peut être que ça reviendra !... J’avais fait 4 lors de ma dernière course ici. 3 au Vigeant… Mais je suis HEU-REUX avec ces deux 11ème place un peu chanceuses !
En plus vous avez été nombreux à faire le déplacement pour venir m’encourager et partager de brefs moments avec moi, accaparé que j’étais entre les préparatifs et… les toilettes !
Et voilà le travail !... Retour 20H40 après 2H15 de route. Finalement Le Havre-Le Mans c’est rapide !... 22H30, camion déchargé, affaires rangées, gosses nourris-couchés.
22h45, douché enfin. Le week-end moto n’est pas fini. On s’installe dans le clic-clac pour regarder le GP de Laguna Seca. Minuit au lit.
Lundi 8h00 rendre le fourgon et aller au boulot.
Difficile d’avoir un œil sur les 48 pilotes. Surtout que je n’en connais pas un tiers, mais je voulais tirer mon chapeau à mes voisins de Normandie. Cinq kilomètres nous séparent. Le clan Le Baillif ! Père et fils ont bossé toute la nuit de jeudi à vendredi pour remonter une deuxième machine plus performante. Après quelques soucis de mise au point et du cambouis plein les coudes, ils ont décidé de faire rouler Thomas sur l’autre moto. Re-cambouis pour passer les bonnes pièces châssis sur l’autre… Grosse chute aux qualifications dimanche matin sur bris d’un té de fourche magnésium. La moto semble détruite… fourche, roue, radiateur, carénage,… un massacre… Thomas est chiffon… Tout le monde s’y colle et ils remontent la moto pile poil pour le départ du tour de chauffe ! Qualifié 39ème après 4 ou 5 tours de piste en 3 fois, Thomas remonte malgré tout 16ème en course !!! Féloche à eux, chapeau bas, respect ,…
La course moto en France c’est ça. Il y a bien plus de Jack Findlay au mètre carré que de Valentino Rossi à la tête d’une armée d’ingénieur !... Aussi vivre cette passion en France, c’est souvent avoir ce genre de souvenirs plein d’abnégation et de pugnacité. Drôle de sport. Onéreux et qui ne rapporte rien, sinon un mélange d’ennuies et de contrariétés dilués dans l’adrénaline et l’amour de la moto.
Ah… il permet aussi de rencontrer des gens fantastiques capables d’avoir ce genre de souvenirs !
Rendez vous le15 septembre à Magny Cours dans le cadre du Bol d’Or pour la dernière épreuve de la saison 2007 du Challenge Protwin.
Merci à tous ceux qui ont fait le déplacement ! Merci à Peter, Fred et Flo pour les coups de main. Merci aux organisateurs du Challenge ! Je regrette d’intégrer leur famille si tard. La dernière année. J’espère qu’il y aura un repreneur pour organiser tout ça en 2008 et dans le même esprit que celui mi en place en 1987 à la naissance de ce championnat !
Merci aux partenaires du Challenge : Afam – Elf – Ferodo - Cybermotard.com
Et Sud Moto Racing grâce à qui j’ai gagné un pneu par tirage au sort !!!!... Que du bonheur ce week-end !
Merci à mes partenaires, Sylvain d’Action Moto Le Havre et Joël et Séverine des Gazz Machine – gmc-tuning.com.
Merci surtout à ma femme et à mes enfants d’être… ma femme et mes enfants ! hé hé hé !!!!!
Bon rétablissement à Stéphane.
Félicitations aux vainqueurs !
Frederic Bottoglieri, Aprilia RSV 1000 qui a fait toute la course en tête. Louis Luc Maïto, Ducati 1098 et Bruno Destoop, Buell 1340 !
Saaaaaalut !