Mondial 2017 : Qui veut la mort du side – car ?
On le sait, la FIM a imposé la motorisation 600 cm3 en lieu et place des 1000cm3 pour les sides en Championnat du Monde pour la saison 2017. Quelles en sont les conséquences ?
Les membres de la FIM ont imposé un changement de cylindrée de la motorisation en championnat de side-car en 2017.
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La décision d’imposer les moteurs de 600 cm³ lors du championnat Mondial side car 2017, en lieu et place des 1000 cm 3 a été prise sans aucune concertation auprès des intéressés : les pilotes ! Seuls étaient "pour" les Birchall (champions du monde 2009) qui ont la double casquette de compétiteurs et constructeurs puisqu’ils ont repris la construction des châssis F2 courts du suisse Louis Christen, constructeur des châssis "LCR" longs et courts et …partisan des 600cm3 !
Un autre partisan du 600 est Ralph Bonhorst, membre de la commission CCR de la FIM qu’on voit sur notre photo remettre les récompenses à la suite de l’épreuve d’Oschersleben en 2016. Ce Bonhorst n’est pas n’importe qui, puisqu’il a couru à la grande époque des sides, c’est à dire lorsqu’ils étaient totalement assimilés aux Grands Prix, jusqu’en 1996. Il a d’ailleurs remporté le Grand Prix Side d’Allemagne en 1991 devant Alain Michel national, champion du Monde l’année précédente.
Pourquoi cette décision ? grand mystère, trop dangereux les 1000 ? c’est vrai qu’il y a eu 2 accidents mortels en Mondial, à Assen, Sandor Pohl en 2013 et au Sachsenring Enrico Becker en 2014. Deux accidents qui n’avaient rien à voir avec la puissance, mais ce fut une bonne occasion pour virer les sides des deux épreuves de Moto GP où ils étaient encore présents, précisément Assen et Sachsenring …
A Cybermotard, on pense qu’on tire une catégorie vers le haut. Tout le monde peut piloter un 600, mais seuls les pilotes d’exception peuvent tirer toute la quintessence d’un 1000. Le spectacle est avec les 1000 qui révèlent les pilotes d’exception, les Reeves, Paivarinta, Schlosser, Birchall, Delannoy. Que ce soit en 1000 ou en 600, ces extra-terrestres seront toujours devant. Imagine–t-on Rossi ou Lorenzo en Moto 2 ? c’est en Moto GP que les spectateurs veulent les admirer.
Le Mondial side 2017, on devrait plutôt le désigner comme « Championnat d’Europe », ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Il poursuit sa lente et inexorable dégringolade depuis 1996, année où ils ont été progressivement exclus des Moto GP.
Seulement 5 épreuves en 2017, mais comportant 8 courses. En dehors des deux épreuves phares du Championnat du Monde d’Endurance comme épreuves support, Le Mans et Oschersleben, un festival des sports mécaniques, les Gamma Days en Hollande, les 2 autres courses auront lieu dans des épreuves anonymes, au fin fond de l’Europe. Exit la Grande-Bretagne, berceau du side-car qui a fourni la majorité des champions du monde !
Problème, on va vers la fin des moteurs 600cm3 4 cylindres pour des raisons environnementales. Ainsi Honda retire son modèle du catalogue. Seul Yamaha sort un nouveau moteur. De plus la catégorie side-car, particulièrement désargentée reste dans tous les championnats nationaux en 1000cc. Donc, nombre de pilotes vont stopper leur engagement en Mondial pour revenir dans leur championnat national : en FSBK ( exemple Philippe Gallerne ou Sébastien Delannoy), en RKB-F1 (Grande-Bretagne) ou IDM (Allemagne). Seuls quelques très rares teams pourront se permettre de rouler en 1000 et en 600. De plus les châssis longs étant plus rapides que les châssis courts, à pilotage égal, qui fera l’effort d’investir dans un F1 pour 5 épreuves afin d’ avoir une chance de gagner ?
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Autre problème, le vieillissement des pilotes. Toutes les stars, hormis les Birchall, affichent la quarantaine et on ne voit point apparaître la relève. Quel avenir pour des prodiges comme Manuel Moreau ou Jonathan Huet, lequel retourne en F2, en route vers le TT.
En 1979, déjà, la catégorie avait bien failli disparaître. Car, sous la pression des pilotes germaniques qui ne voulaient pas des sides modernes (courts à l’époque) avec des châssis coque-alu et suspensions triangulées, la FIM avait crée 2 championnats du monde side (!) , B2A (classiques, comme les F2 actuels) et B2B (modernes), avant de faire marche arrière l’année suivante. Plus de confusion, moins de visibilité, moins de sponsors, à une époque où une bonne partie du side mondial était professionnel.
2017, année de tous les dangers ? affaire à suivre.
Albert Grison