Motocross des Nations 2013 : L’union a fait la force de la Belgique
Fidèles à la devise de leur patrie, c’est le travail d’équipe de Desalle, De Dycker et Van Horebeek qui leur a permis de s’imposer lors du MX des Nations, le 29 septembre 2013. A Teutschenthal (Allemagne), la Belgique est venue à bout des USA et de l’Italie. Le team France, composé du trio Paulin/Tixier/Charlier, échoue au cinquième rang.
Joël Smets (ici, à droite) peut être fier de ses troupes. Adversaires au cours de la saison MX1, Clément Desalle (à gauche), Jérémy Van Horebeek et Ken De Dycker ont su allier leur force pour emporter la victoire. Avec encore Kevin Strijbos en réserve, la Belgique possède un vivier actuel de pilotes capable de rééditer cet exploit dans un proche avenir. Qu’ils profitent car, à plus long terme, la relève tarde à poindre. |
Après l’historique victoire allemande en 2012, les couleurs rouge, jaune et noir ont encore eu raison de l’équipe américaine, cette année. Mais, cette fois, c’est la Belgique qui a brandi le tant convoité trophée Chamberlain au terme du MXDN 2013 d’une excellente cuvée.
Et pourtant, les forfaits sur blessure, les absences, les changements de cylindrée et les états de forme de certains pilotes pouvaient laisser sceptique sur le degré d’indécision entourant l’identité des futurs vainqueurs.
Pionniers australiens
En effet, avec Eli Tomac (Champion Outdoor 250), Ryan Dungey et Justin Barcia (2e et 3e de l’Outdoor 450), les pronostics d’avant-course penchaient en faveur des représentants de l’Oncle Sam… Comme tous les ans, serait-on tenté de dire.
Or, dès les manches qualificatives par catégorie, on a très vite compris que la course à la plus haute marche du podium serait ouverte. Beaucoup plus ouverte que prévu, à l’image d’un team Australie en feu avec Bret Metcalfe (1er MX1), Dean Ferris (2e MX2) et Todd Waters (4e en Open).
Les natifs de l’ « Île Continent » ont montré la voie aux autres nations et mis en lumière que la sélection de la bannière étoilée n’avait rien d’invincible. Redoutable mais sûrement pas inébranlable.
Autre point à préciser, et qui a contribué au spectacle et au suspense, les pilotes MX2 n’ont aucunement souffert de leur manque de puissance par rapport aux 450 cm3. La différence entre chacun s’est faite au pilotage…et les concurrents qui ont joués devant, au cours de ce week-end, étaient indéniablement les meilleurs.
Trois hommes sur le toit du Monde MX
Le plus fort d’entre eux fut indiscutablement Antonio Cairoli (KTM). Le septuple Champion du Monde a fait honneur à son rang en réalisant la course parfaite (1er/1er). Mais ce que le public retiendra de cette édition 2013 sont, sans conteste, les deux magnifiques passes d’armes entre Ken Roczen (KTM) et Eli Tomac (Honda). Habitués à se chamailler dans le championnat américain, les deux hommes nous ont régalé deux courses durant…ou presque.
Presque car, au plus fort de leur bagarre, le cow-boy a essayé de voler, de sauter, de ses propres ailes, au sens littéral, sans monture. Et on peut l’affirmer : il ne sait pas ! Une chute impressionnante, à la hauteur de l’intensité du duel se déroulant, mais fort heureusement sans gravité pour le pilote Honda Geico.
Avec un Italien, un Allemand et un Américain aux avant-postes, vous aurez compris qu’aucune équipe n’a dominé ces « Nations » dans son intégralité.
Quinzième sacre belge
Fort méritée, la victoire de la Belgique a été acquise grâce à la régularité de ses éléments et non grâce à des victoires ou tops 3 de manche. Grâce à leur constance mais aussi au bénéfice des aléas affectant les autres teams.
Les sujets du Roi Philippe ont aussi été affectés par les ennuis mais peut-être un peu moins que les autres. Ils ont surtout pu compter sur l’homogénéité du trio. Ainsi, lorsque Clément Desalle (Suzuki) a abandonné dans la manche MX1/Open (épaule déboîtée dans la chute du départ), un Ken De Dycker des grands jours a pris la relève et est allé chercher un résultat synonyme de succès (8e/2e). Une de ces courses où l’officiel KTM est irrésistible et dévore ses adversaires. Sans oublier la solide prestation de Jérémy Van Horebeek redescendu pour l’occasion en MX2, au guidon de la Kawasaki KXF 250 (7e/7e).
Finalement deuxième, le team USA peut regretter l’absence - vraiment préjudiciable - de Ryan Villopoto, le meilleur d’entre eux actuellement (le meilleur du Monde ?). La confrontation à Cairoli aurait été très intéressante. Dungey (KTM) et Barcia (Honda) sont vraiment des pilotes de tout premier plan mais il faut bien avouer, du moins en Allemagne, qu’ils n’ont pas été au-dessus du lot. Au contraire, ils ont été bien malmenés (respectivement 6e/7e et 4e/11e). Sans parler des chutes ou erreurs de pilotage dont ils ont souffert.
Le seul à avoir tenu son rang fut Eli Tomac, comme expliqué plus tôt. Mais son énorme vol plané est sans doute ce qui a coûté la victoire à son équipe (16e/2e). Un comble ! Le meilleur Ricain en piste est aussi celui qui a fait perdre son équipe.
Au final, il s’en est même fallu de peu que la délégation venue de l’autre côté de l’Atlantique ne se fasse griller par la squadra transalpine du Maestro Cairoli. Le jeune Alessandro Lupino (13e/8e) et le « vieux » David Philippaerts (14e/10e) répondant présents au mieux de leur capacité.
Quant à l’Allemagne, nul doute que sur ses terres et défendant son titre, l’équipe teutonne était animée des meilleures intentions. Mais leur troisième homme - leur maillon dit faible - a joué un rôle trop prépondérant dans le résultat final. Roczen était à son summum (2e/1er) et aurait difficilement pu faire mieux. Tandis que Max Nagl (Honda) a plutôt bien tenu (11e/4e) malgré ses derniers soucis de santé (virus Epstein Barr). Mais le double abandon de Dennis Ullrich (Kawasaki) a enterré tout espoir de bien figurer pour eux.
La France loin du compte
Et la France dans tout cela ? Elle termine au cinquième rang, derrière l’Australie. Si cette performance est correcte, elle reste tout de même bien en deçà des ambitions affichées. Ce résultat n’a pas fini de faire parler les détracteurs d’Olivier Robert, notre sélectionneur national, au sujet de la non retenue de Marvin Musquin pour cette épreuve.
Sans prendre parti, on peut tout de même penser, qu’à la vue de sa saison pleine (et exempte de gros pépins physiques), l’officiel KTM aurait apporté sa pierre à l’édifice tricolore. Bien plus qu’en 2012, dans le sable flamand où il avait été sélectionné alors qu’il revenait de blessure. Mais c’est ainsi !
Comme pour d’autres sports, nous sommes tous des sélectionneurs en puissance. Il faut juste respecter ce choix, qui n’avait rien de scandaleux au demeurant. D’ailleurs, vu le déroulement des courses, la triplette alignée avait largement la qualité pour briller. En tout cas, sur le papier !
Dans les faits, notre capitaine de route, Gautier Paulin, n’a jamais su se mêler au combat des chefs (5e/6e), et alors qu’il n’a pas franchement raté ses envols. Même si quelques incidents sont venus enrayer son évolution, il faut bien avouer qu’on n’a jamais perçu l’officiel Kawasaki comme un potentiel vainqueur de manche à l’instar de Cairoli ou Roczen.
Christophe Charlier (Yamaha), de son côté, n’est absolument pas à blâmer au guidon de la 450 cm3. Le Corse a plutôt bien roulé mais le sort l’a particulièrement gâté dans les deux manches. D’abord, en ne pouvant éviter Van Horebeek, tombé devant ses roues, et en recevant une pierre sur le bras (manche MX2/Open). Ensuite, en étant pris dans la chute collective de la manche MX1/Open (roue cassée).
Précisément, la grosse déception est venue de Jordi Tixier (KTM) qui n’a pas su rouler comme un vice Champion du Monde MX2 2013 qu’il est (12e/12e). Qu’il se fasse dominer par Roczen et Tomac, soit ! Ce sont des extraterrestres ! Mais se faire devancer par des pilotes qu’il a maîtrisés durant la saison mondiale, cela nous a fait du tort. A force de gérer son capital points en fin de Mondial MX2 pour décrocher cette deuxième place, n’en a-t-il pas fini par perdre un peu de sa vitesse ?
Voilà, maintenant, deux années que les recordmen de victoires dans cette épreuve mythique, les Etats-Unis, n’ont plus occupé la plus haute marche du podium. Lommel, si particulier, semblait un accident. Teutschenthal n’en est sûrement pas un autre et la suprématie de Cairoli ou la résistance de Roczen ne sont pas les fruits du hasard. L’écart entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde n’existe plus. Tant mieux pour nous et le spectacle !
L’édition 2014, planifiée à Kegums (Lettonie), ne devrait pas arranger les statistiques américaines, avec une piste sablonneuse et piégeuse. Comme à chaque venue sur ce circuit, les chutes influenceront certainement le résultat et la régularité sera encore primordiale. La Belgique conservera-t-elle alors son titre ? Il faudra attendre une saison pleine avant de connaître le verdict.
– Classement de la manche qualificative MX2 MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement de la manche qualificative MX1 MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement de la manche qualificative Open MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement de la manche MX2/MX1 MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement de la manche MX2/Open MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement de la manche MX1/Open MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement général par pays MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement général MX2 MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement général MX1 MXDN 2013 Teutschenthal
– Classement général Open MXDN 2013 Teutschenthal
David Morin