Portrait de Benjamin Fontanelle, vainqueur surprise à Croix-en-Ternois en Promosport 1000.
Meilleur temps des essais, deuxième de sa demi-finale, et enfin vainqueur en finale lors de l’épreuve du 2 et 3 juin 2018. Inconnu jusque là, Benjamin Fontanelle bouscule l’ordre établi en devançant à la régulière les cadors de la catégorie. En un week-end il chamboule les pronostics et fait un bond au classement général en passant de la 19e à la 5e place. Cybermotard l’a rencontré et nous expliquer comment tout ceci a été possible.
Benjamin Fontanelle ne s’est penché qu’à partir de 2015 dans les courses moto. |
C’est à Levallois-Perret où il réside, qu’il nous reçoit dans le magasin Yamaha-MBK « Scooters 2000 » qui l’emploie comme chef d’atelier. Il raconte « Les 2 roues, vélo d’abord, moto ensuite, c’est de famille ! ». Au point d’en faire son métier avec un bac pro passé à l’INCM. Puis le circuit en 2014 avec les 4 h du CMC. Il attaque le promosport en 2015 et 2016 mais de manière hachée avec un bilan peu satisfaisant. « Je roulais sur route avec une 1000cm3, alors j’ai commencé dans la même veine. Mais avec le recul, en démarrant en 600 j’aurais sans doute eu moins de difficultés ». En parallèle il participe 3 années durant, au championnat EWC comme mécanicien « Mon poste c’était la roue avant, dans le team National Motos » dit-il. Une sacré référence.
Un engagement...à fond !
« Après ces expériences, j’ai fait le point. En pilotage j’étais au niveau d’un top 10. Mais à côtoyer le haut niveau j’ai compris qu’il fallait aborder la course autrement pour progresser ». Alors il prend une décision radicale. « Une année sabbatique, pour mettre le maximum d’argent de côté et repartir dans de bonne conditions en 2018 ; une saison complète, une moto neuve, un coach, et une assistance technique sur circuit ».
La moto neuve : une Yamaha 1000 R1. « Elle est plus facile et convient bien à mon style de pilotage plutôt coulé ». Côté technique, on remarque sur la moto le logo du team CMS. « Je prépare la moto moi-même, je suis quand même bien placé pour ça. Mais je bénéficie de l’expérience de Thierry Maurin pour les réglages de l’électronique et des suspensions ». Sur le circuit il fait l’assistance de plusieurs pilotes en FSBK et Promosport. C’est lui qui prend en charge les interventions à faire sur la moto. « Arriver au circuit, se contenter de monter sur la moto et rouler, sans s’occuper du reste ça change beaucoup de choses ».
Un coach de renom
Voilà pour la technique, mais côté pilotage ? « Axel Maurin me coache ainsi que quelques autre pilotes. Tout ça met en confiance, il y a une méthode de travail et on repousse les erreurs ». Et l’aspect physique est également au programme. « Fin 2017, Axel Maurin nous a fait un stage de préparation. Dur physiquement, mais également pour le mental. Une prise de conscience pour moi, et pourtant j’ai toujours fait du sport. Mais depuis j’ai accentué encore un peu. Vélo, natation et course à pied. De toute façon il faut ça, les 1000 c’est physique. » Mais Benjamin y a pris goût et il envisage même de participer à un triathlon après sa saison de moto !
Cette approche porte-t-elle ses fruits ? « On me parle beaucoup de cette victoire à Croix-en-Ternois, mais dès le début j’ai vu la différence. Lédenon on oublie, j’y ai de trop mauvais souvenirs de blessure et je n’y suis pas à l’aise. Mais à Carole déjà, j’ai vu que j’avais progressé. Je n’y ai pas réussi car j’y suis presque chez moi, et avec la famille et les amis qui sont là, j’ai voulu trop en faire ». 4e temps aux essais, 2e place en demi finale, mais en course un tout droit et il termine hors des points. « C’est là que le coaching d’Axel Maurin est important. Au delà des conseils, il me donne des buts à atteindre mais aussi à ne pas dépasser. Il régule en me laissant libre d’y aller si je le sens ».
Et côté budget, une année sabbatique ça suffit ? « Non, j’ai la chance d’avoir aussi beaucoup d’aide. Mon employeur me fait les pièces et les pneus à prix coûtant. Et j’ai un ami entrepreneur en bâtiment qui prend en charge la totalité des frais de déplacement (camion, carburant, péage …). Sur les circuits mes parents sont là également pour m’assister et comme je vis chez eux, tout mon salaire est pour la course ».
Mon rêve ? Courir aux 24H motos
Finalement, à écouter Benjamin, la victoire dans le Pas de Calais est un résultat logique. Mais alors, le titre est-il jouable dès cette année ? « Ah non, je suis loin des premiers, et il y a des clients devant. Et derrière aussi d’ailleurs, alors je ne m’emballe pas. Je vais déjà essayer de conserver cette 5e place. Le titre ce sera mon objectif en 2019. Et si je pouvais intégrer un team en endurance je serai comblé. Mon rêve c’est de faire les 24 h motos ».
L’objectif de Benjamin de semble pas exagéré. Avis aux teams, un talent à ne pas laisser passer. Et pour notre part, nous le suivrons déjà avec un autre regard lors de la prochaine manche du Promosport, à Pau-Arnos les 23 et 24 juin 2018.