GP MX2 du Portugal : Jeffrey Herlings fait le show (chaud) à Agueda

Sans parler d’ennui, on ne peut pas dire que la cylindrée MX2 nous apporte le même plaisir que le MX1, cette saison. L’échéance portugaise n’a pas dérogé à la règle puisque le match Herlings/Searle n’a toujours pas eu lieu. Et le statu quo en tête du championnat perdure. La seule vraie animation dans la catégorie s’est déroulée après la compétition.

Pétage de plomb

Large dominateur sur la piste, Jeffrey Herlings est passé à côté d’un doublé (1er/2e) en raison d’une chute « causée » par la gêne d’un pilote retardataire (pourtant classé 7e !), Mel Pocock. Bien dommage, c’est certain. Mais la rage qui s’est emparée du Hollandais, au micro, à la fin de la course, puis plus tard dans le paddock, est apparue bien disproportionnée.

D’une part, sans commune mesure par rapport aux faits. Pocock ne l’a pas « coupé en deux » mais bouchonné. Si cela était si flagrant, un recours auprès de la direction de course et la FIM aurait suffi à calmer les ardeurs du leader du Championnat d’Europe MX2.

D’autre part, totalement surévaluée par rapport à l’enjeu. Premier ou deuxième, le pilote Red Bull KTM était sûr d’empocher le GP et de repartir avec des points d’avance (8 ou 2) et alors qu’il en comptait déjà 22 de plus. Sans être à la mi-saison !

Par ailleurs, l’aléa avec l’Anglais est un simple « incident de course », comme Herlings avait qualifié celui avec Arnaud Tonus en France. Si, selon ses dires, son action à St Jean d’Angély n’était pas volontaire, pourquoi cette supposée obstruction le serait plus ? Il y aurait donc deux poids, deux mesures pour le pilote usine.

Pas de quoi non plus y voir, pour l’officiel KTM comme pour nous tous, le complot d’un compatriote de Searle et équipier du Suisse chez Monster Yamaha Bike-It. Il ne faudrait pas tomber dans la parano !

En deux week-ends, le Batave s’est forgé une image peu reluisante de « Bad Boy ». Qu’est-ce que cela induit ? Qu’il craint Tommy Searle plus qu’il n’y paraît ? Qu’il n’est pas sûr de lui et ses capacités à aller au bout ? Que des soucis extra sportifs rejaillissent dans son comportement en course ? On ne dirait jamais qu’il a bataillé contre Ken Roczen et ce même Searle en 2011.

Retour au sport

Cette agressivité était d’autant plus inutile que l’officiel Kawa n’a jamais semblé inquiétant, en tout cas visuellement, peu enclin à prendre tous les risques. Certes, le Britannique suivait de près mais il n’a jamais été en position de porter une quelconque attaque. Il donnait plutôt l’impression de gérer et attendre une faute de la KTM usine.

Finalement deuxième au Portugal (3e/1er), le pilote Floride Motos Monster Pro Circuit sait, à présent, ce qu’il lui reste à faire pour que son rival craque : le mettre sous pression. Merci Jeffrey !

Jérémy Van Horebeek (Red Bull KTM) complète le podium lusitanien (2e/6e), identique à celui de St Jean d’Angély et au classement provisoire. Souffrant toujours de sa cheville touchée en France, le Belge n’a pas pu gêner l’Anglais et se mêler à la lutte. Ce qui, on l’aura compris, aurait bien arrangé et aidé son leader sur ce tracé d’Agueda.

De son côté, Joël Roelants (Floride Motos Monster Kawasaki), a encore perdu gros dans la quête du podium final (9e/17e). Rencontrant des troubles de la vision depuis son trauma crânien de Fermo et pris dans la chute collective (départ manche 2), le Flamand a laissé le champ libre à Max Anstie pour s’illustrer.

Selon le team Honda Gariboldi, le travail de développement effectué par l’Anglais (encore un !) sur la CRF 250 commence à porter ses fruits. Quatrième au classement général du GP (10e/3e), il vaut peut-être mieux attendre une confirmation du pilote, trop habitué encore aux places entre 5 et 10. Cinquième du classement provisoire, la lutte face à Jordi Tixier (4e/11e) s’annonce intéressante. La régularité aux avant-postes va faire logiquement la différence entre eux.

Teillet et Charlier stoppés, Tixier en chef de file

A défaut de se régaler avec la lutte en tête du championnat MX2, on pourra toujours se tourner vers cette confrontation Anglo-française. On pourra même fixer nos regards sur toute la délégation tricolore car, sans jouer la gagne, il en est toujours un qui se démarque et qui arrive à bien se classer. Le seul hic est que ce genre de prestations n’est pas systématiquement l’œuvre du même pilote.

Le talent est là. Il y aurait moyen de placer facilement quatre de nos représentants dans le top 10 régulièrement. Malheureusement, il se passe toujours quelque chose et on en a encore eu la preuve, notamment avec les pilotes Rockstar Kawasaki Bud Racing. Auteur du holeshot au second départ, Dylan Ferrandis a réalisé une superbe course qu’il a terminée en quatrième position et malgré un poignet meurtri. Une performance tout à fait remarquable mais gâchée par son abandon dans le premier débat (disque de frein abîmé par une pierre).

Quant à Valentin Teillet, que dire à part que le sort s’acharne. Beau cinquième de la manche 1, le Vendéen rejoint Christophe Charlier (épaule) à l’infirmerie. Et cette fois, il n’y est absolument pour rien puisqu’il s’est fait fauché par Roelants, lui-même « projectile ». Bilan, une clavicule cassée et un nouvel arrêt.

Le pilotage et la vitesse sont là pour les riders de l’Hexagone, ne reste plus qu’à travailler le relationnel avec les marabouts !

Derrière Tixier, Romain Febvre se retrouve donc deuxième meilleur Français et huitième du classement du GP du Portugal (14e/8e). Un résultat bien mérité pour le pilote KTM Bodo Schmidt et qui confirme que le Vosgien est transfiguré depuis le GP de France. La prochaine étape dans les Ardennes belges, finalement peu éloignées de ses bases devrait lui permettre de briller de nouveau.

Ce Grand Prix de Bastogne, les 16 et 17 juin 2012, revêtira ainsi plusieurs intérêts, hormis la découverte d’un nouveau site. Herlings aura-t-il retrouver ses esprits ? Searle va-t-il en profiter ? Tixier prendra-t-il l’avantage sur Anstie ? Febvre poursuivra-t-il sur sa lancée ? Espérons avoir quelques réponses.