David Checa s’élance pour son dernier relais. La Yamaha ne mène plus qu’avec 35 secondes d’avance sur la Suzuki N°1. Pendant 45 mn, tout le monde va rester scotché devant les écrans de contrôle, avant le franchissement de la ligne d’arrivée. |
Dimanche 17 avril. En remportant la 28ème édition des 24H du Mans, Yamaha grâce au GMT 94, renoue avec la victoire. Cela ne lui était pas arrivé depuis 14 ans !
Et pourtant il a fallu aller la chercher cette victoire ! Après la bévue de Kitagawa, la Yamaha du GMT caracole tranquillement en tête avec un petit tour d’avance sur la Suzuki n°2 de Dietrich, Four et Coxhell . La machine N°1 du SERT est un petit peu plus loin à deux tours.
Les choses semblent demeurer en l’état, puisque toutes ces machines réalisent quasiment les mêmes temps en 1’40’’ et des bananes…Profitant de la deuxième sortie du pace car à 1H38, suite à une chute de la moto N°14, la Suzuki N°1 chipe la deuxième place à sa consoeur. Et se lance à la poursuite de la Yam’
Mathieu Lagrive réalise alors le meilleur tour en piste de nuit en 1’39’’774, un chrono supérieur à ceux réalisés de jour ! Il n’est pas dit que Suzuki va lâcher le morceau comme cela. Mais l’avance ne diminue que très légèrement et avant le lever du jour les pilotes de la GMT répliquent avec un chrono de 1’39’’620 !
Quand le jour se lève, la Yamaha du GMT 94 mène toujours avec un tour d’avance et la Suzuki N°2 occupe la 3ème place avec trois tours de retard.
Mais Suzuki va connaître un autre coup du sort. Quand Mathieu Lagrive se présente pour prendre son relais à 9H00, il se fait rembarrer par « le chef », car ce dernier s’est aperçu qu’il n’avait pas ses brassards ! En changeant de combinaison, le pilote d’origine normande les a oublié sur sa tenue précédente.
Il n’a plus le temps de retourner à sa caravane, du coup Dominique Méliand intime l’ordre à Kitagawa de doubler son relais !
Le temps perdu dans ce gag, fait encore perdre du temps à la Suzuki N°1 et la température monte d’un cran dans le box des Suzuki officielles.
Alors qu’il ne reste qu’une heure et dix minutes de course, William Costes au guidon de la Yamaha N°94, rentre précipitamment au stand. Sa botte est couverte d’huile ! On craint le pire, mais le bas de carénage tombé, Michel Guerre en fin connaisseur de la mécanique resserre deux vis du carter d’alternateur et la machine repart !
L’opération a pris moins de deux minutes, mais désormais la Suzuki N°1 n’est plus qu’à 35 secondes de la machine de tête. L’ambiance dans le team est montée de plusieurs crans et les visages crispés de Gimbert et de Checa trahissent leur anxiété.
A 14H Christophe Guyot donne l’ordre d’habiller Checa et compulse frénétiquement le tableau de marche de sa machine depuis le début de course. Il relit aussi le règlement FIM au chapitre « repos des pilotes ».
Pour remettre un pilote en selle son temps de repos doit être égal au 2/3 du temps passé sur la piste ! Ce serait trop bête d’être déclassé pour une erreur que ne manquerait pas d’exploiter l’adversaire de toujours…
Son idée est de mettre David Checa dans le dernier relais : l’espagnol est régulier comme une horloge et est capable de réaliser des chronos au dixième près !
A 14H10 il lui passe les dernières consignes « Ca va être très chaud, mais ne te mets pas la pression inutilement pour éviter d’aller à la faute ! » le tout dans un charabia d’anglais matiné de français. Pour économiser quatre petites secondes, le team manager décide de ne pas refaire le plein. « Avec ce qu’il reste dans le réservoir la moto peut tenir jusqu’à 15H40. » dira-t-il plus tard. Ultime encouragement, Gimbert tape sur l’épaule de l’Espagnol et lâche « Va y mon pépère ! »
Pour éviter que le Catalan n’ait la tentation d’essorer la poignée, Christophe décide aussi de ne pas le panneauter « Checa est incapable de se refreiner ».
Une fois le relais passé à Checa, les minutes s’écoulent de plus en plus lentement. Mais le plan de dernière minute de Christophe marche et c’est avec une avance de 20 secondes et 45 centièmes que la Yamaha franchit la ligne d’arrivée sur un Matthieu Lagrive, bien dépité !
La 3ème place du podium revient à la Suzuki N°2 , qui compte 7 tours de retard.
Classement des 24H : 1er Yamaha N°94, 2ème Suzuki N°1 à 21’’459 , 3ème Suzuki N°2 à 7 tours , 4ème Honda N°5 à 21 tours, 5ème Yamaha N°99 à 28 tours et première stock.