Jialing le 3e constructeur de motos en Chine
Dans ce 2e volet, consacré aux constructeurs de motos en Chine, je vais vous faire découvrir l’empire JIA LING. Pourquoi un empire ? Par ce que l’usine est une véritable ville dans la ville de Chongquing.
Mais cette entreprise, sous contrôle gouvernemental, cultivait un côté social rare dans un régime communiste !
Là encore, un reportage fait pour bousculer les idées toutes faites chez nos élites bobos !
Rappel, ce reportage a été réalisé en 2004 !
Entrée de l’usine Jia Ling à ChongQuingLe constructeur JiaLing, s’est tourné vers la production de motos vers 1979. Auparavant c’était un fabricant d’armes, fondé en 1875 ! On note tout de suite le style réalisme socialiste du portail d’entrée, chère aux pays communistes. En fait, JiaLing est toujours sous le contrôle du gouvernement. |
Jialing occupe tout le quartier de Shuangbei, district de Sha Ping BaOn pénètre dans le quartier Shuangbei, dans le district de Sha Ping Ba à Chongquing. A partir de cette frontière, invisible, TOUT appartient à JiaLing : immeubles, écoles, banques, hôpital. |
JiaLing, une ville dans la villeSi le complexe industriel Jialing fait 3 km de long sur 3 km de large, le district de Sha Ping Ba est une véritable ville dans la ville. En effet l’usine employait 13.000 personnes. Avec leurs famille, cela représente 30.000 personnes "à la charge de l’entreprise" souligne M. Luo Wengai le responsable de la division "motorsport" de JiaLing. |
Une force de frappe tournée vers les campagnes et à l’exportLes fabricants de motos mettent le paquet vers les ventes destinées aux campagnes et à l’export. La Chine est un pays immense (17 fois la France) et leur 2e axe de développement est le monde entier. Ainsi le club des 10 plus gros producteurs de motos dont Jialing, Shineray, Lingken et le groupe Yuan avaient déjà des unités de production, où diffusent leurs produits en Asie du Sud Est ( Viet Nam, Cambodge, Philippines, Indonésie, Thaïlande et Malaisie) en Amérique Latine (Argentine, Bolivie, Brésil) au Moyen Orient et en Asie ( Pakistan, Iran, Egypte) et en Afrique (Algérie, Afrique de l’Ouest) |
C’est la qualité de nos produits qui sera notre force à l’export !Ce slogan est le credo de M.Li Hua Gang, le N°2 de JiaLing. Cette entreprise n’exportait "que" 20% de sa production ( soit un million de motos/an) dans les pays du Tiers Monde. Et leur objectif immédiat n’est pas de viser le marché européen "les exigences des consommateurs occidentaux sont beaucoup plus pointues en Europe" explique-t-il |
Un département R&D déjà en pointe en 2004M. Huang Xi ( à droite) est le responsable du département Recherche et développement, qui employait ( en 2004) 200 ingénieurs et techniciens, sortis de meilleures universités américaines ! Il m’a permis de rentrer dans ses ateliers, où fonctionnait -déjà- une machine stéréolithographie, qui exécute des maquettes en 3D par rayon laser ! Bien entendu, interdiction de faire des photos ! A ses côtés se trouve M. Luo Wengai responsable de la branche motorsports. On fera connaissance avec ce personnage dans un autre reportage ! |
Un prototype de scooter avec GPS !Bon, le design de ce prototype de scooter Jialing, ne risque pas de faire l’unanimité. Mais, on est en 2004, ce prototype est déjà équipé avec un navigateur GPS ! Là encore, on peut dire que les chinois étaient déjà en avance ! ( Les premiers GPS - 300.000 venaient tout juste d’être commercialisés en Amérique du Nord). |
Un accord de coopération avec Honda...depuis 1981 !Jialing et Honda sont liés par un accord de coopération depuis...1981 ! Mais ce n’est qu’à partir de 1996, que la co-entreprise Jialing-Honda produit des motos complètes. Enfin, JiaLing, comme beaucoup d’autres fabricants, produit tout ce qui est animé par moteur thermique ou électrique : pompes, tondeuse à gazon etc..pour le compte des japonais ! La tendance s’accelère, puisque depuis 2007, BMW fait produire ses moteurs de G 650X en Chine, par Loncin. |
En 2004, un marché de la moto en pleine expansionLes coûts bas de la main d’oeuvre, ont bénéficié en priorité aux consommateurs chinois. Une 125 "basique" coûtait aux environs de 350 à 450€ ( soit 3 à 4 mois de salaire quand même). Le plus difficile pour un constructeur est d’attirer le chaland, puisque tous les modèles, sur le marché, ont exactement les mêmes performances ! |
En 2004, la gamme de motos s’arrête à...250 cm3 !Jialing ne fait pas exception par rapport aux autres constructeurs et propose lui aussi un éventail de machines, qui va du 50 cm3 au 250 cm3. Pourquoi ? Tout simplement par ce que les infrastructures routières de l’époque, ne permettaient pas de rouler en toute sécurité ! Pour "gonfler" ses modèles. Jialing propose quantités de chromes et d’accessoires volumineux :"Faut que ça brille !". |
Contraste frappant entre JiaLing et ZongShenEn visitant les chaînes de montage de JiaLing on ne peut qu’être frappé par la différence avec ZongShen. Autant ce dernier investit à tour de bras dans des machines outils dernier cri, autant Jialing semble être resté à la manière artisanale. Cela n’est pas aussi simple, que cela puisque JiaLing était une entreprise gouvernementale et se devait de procurer travail, soins hospitaliers et logements à ses employés ! Revers de la médaille, JiaLing dépensait beaucoup d’argent pour la retraite de ses employés ( 55 ans pour les Hommes, 50 ans pour les femmes) et ne peut investir autant d’argent pour améliorer son outil de production. Comme un employé de JiaLing ne touche que 100€/mois, l’entreprise lui fournit " des coupons de nourriture et un logement à prix réduit" affirme Luo Wengai |
Thierry Leconte