Nicolas Dussauge : portrait du « detector »
Dans le show-biz, il y a Bernard Tapie, navigateur, acteur, chanteur, homme politique, PDG, président de club de foot…..on ne compte plus tous ses métiers !
Dans la moto c’est Nicolas Dussauge que l’on retrouve avec plusieurs casquettes selon les saisons.
Peut être moins opportun que « Nanar » et certainement moins riche, Nicolas est en tous cas quelqu’un qui sait saisir les occasions et les opportunités pour se renouveler, et tenter de nouvelles expériences, choses que peu d’anciens grands pilotes maitrisent avec finesse !
Depuis le début de la saison 2012, Nicolas Dussauge esta ux commandes du team BMW en Mondial d’endurance |
cyber : Nicolas Dussauge, on t’a connu Vice champion du Monde d’Endurance, responsable de l’équipe de France Espoir 125cm3, formateur de pilote de GP, entrepreneur puis aujourd’hui père de famille et directeur sportif de l’une des plus grosses structures du Mondial Endurance. Quel bilan tires-tu de ces différentes expériences ?
Disons que j ai la chance de vivre de ma passion depuis plus de 15 ans et que chaque étape de ma carrière a été très enrichissante. Même si certaines étapes ont été difficiles à vivre, je reste passionné dans tout ce que j’entreprends. Pour BMW, c’est tout nouveau pour moi, je suis le directeur sportif de cette structure dirigée par Michael Bartholemy et c’est un nouveau défi. Parallèlement à cette mission, je continue de travailler avec des jeunes que je forme en FSBK et en CEV, je travaille de plus en plus avec les belges, notamment avec Loris Cresson 13 ans qui est actuellement 3e du classement provisoire du championnat.
cyber : Comment se passe ta collaboration avec BMW Motorrad Endurance ? La pression a du s’accentuer avec le résultat blanc du Bol d’Or ?
La collaboration avec le team BMW France se passe très bien. Nous avons beaucoup travaillé, avant le Bol, avec Emanuel Rolin, mon binôme dans cette structure afin de progresser dans les domaines où il y avait certaines lacunes. Bien entendu le Bol reste une déception pour toute l’équipe ( voir la vidéo de l’abandon) mais cela fait partie de la course qui n’est pas une science exacte et l’erreur est humaine mais le titre est toujours l’objectif, seulement nous n’avons plus de joker dans notre jeu !
Nous sommes vraiment motivés pour le Qatar et nous avons, depuis, progressé encore.
De plus, travailler avec des pilotes de haut niveau comme Erwan Nigon, Sébastien Gimbert, Damian Cudlin et Hugo Marchand est un réel plaisir et nous pouvons compter sur eux pour aller chercher les victoires.
Cyber : Comment vois-tu l’avenir de la moto en France ?
Oula Question délicate !!! Je pense que la situation est très compliquée et que le pire est à venir. Premièrement, le sport moto est de plus en plus cher (trop et injustifié !) et comme je l ai souvent dit nous faisons les même erreurs que l’automobile mais avec 10 ans de retard. Le décor de théâtre, les « grosse semi », les hospitality sont assumés indirectement par les pilotes alors que tout ca ne sert pas à grand chose dans le sport en lui même. On se cache derrière les sponsors qui veulent de l’image mais pour nous en France il y a en a pas !
Deuxièmement, nous n’avons plus en France de filière cohérente. Celle-ci existe sur le papier pour justifier les budgets ministériels mais, franchement c’est « le miroir aux alouettes ». Dans la construction des sports de haut niveau, il faut une base de pyramide la plus large possible pour faire sortir des champions. En France, à ce jour, nous avons une pyramide inversée, c’est à dire avec plus de pilotes dans le haut niveau que dans la base. Sachant qu’il faut 10 ans pour former un pilote capable de briguer les podiums en GP, je vous laisse calculer le retard que nous sommes en train de prendre…
La seule solution aujourd’hui pour réussir à monter en GP (sauf si vos moyens financier vous le permettent) c’est la Red Bull Rookies Cup. Johan Zarco notre meilleur espoir français en sort et n’est jamais passé par la filière fédérale ainsi que Alan Techer qui sans l’aide de Claude Michy ne serait pas en GP cette saison.
Je trouve que tout cela est vraiment regrettable et que nous sommes loin des vraies valeurs sportives.
Nous avons de très bons pilotes en France mais le parcours d’excellence est semé de ses embuches !!!
cyber : Si tu devais choisir entre les deux Nicolas Dussauge, choisirais tu , le pilote ou le manager ?
Il n’ y a pas de choix à faire, c’est la suite logique des choses. Je suis arrivé au bout de mes capacités en tant que pilote en gagnant les plus grandes courses d’endurance françaises après avoir touché du doigt le monde des GP, peut être trop tôt d’ailleurs. Depuis 10 ans, je me passionne pour la formation des plus jeunes et je continuerais. J’adore travailler avec les enfants car ils sont simples, natures et pas encore pervertis par un système !
Ensuite la fonction de manageur est plus compliquée car je ne suis plus seul avec un guidon comme moyen d’expression. Il faut gérer des humains, des situations, de la stratégie, de la technique, de la politique et prendre en compte tous ces paramètres pour faire prendre la mayonnaise …
Sans hésitation, Pilote !
cyber : Cites moi 3 dates qui te viennent immédiatement à l’esprit !
– 1993 : mon entrée chez TECH3 en tant que pilote avec une place de 4e au classement final du Championnat d’Europe 125 et mon premier GP cette même année à Jarama en remplacement de Saito un pilote Japonais. C’était seulement ma deuxième saison de course moto !
– 2001 : la victoire au 24 Heures du Mans avec Christophe Guyot et Sébastien Scarnato sur une moto privé du GMT 94 … très très grand moment !!!
– 2010 : La naissance de ma fille après 2 garçons. Enfin !!!!
cyber : Aujourd’hui l’âge est –il toujours un des atouts majeurs pour réussir ? Quel conseil pourrais-tu donner à un jeune pilote débutant ?
Il est évident que plus on commence jeune dans un sport mieux c’est. Par contre, il faut éviter la saturation de l’enfant car vers les 12-15 ans la période de l’adolescence est compliquée. Nous organisons avec un Moto Club UFOLEP des stages de 2 jours pour les enfants avec des Honda NSF. Une fois par mois, nous formons des enfants à la pratique de la vitesse dans une formule tout compris dès 7 ans. Vous pouvez d’ailleurs prendre contact avec ce club à travers Facebook : AMS Moto club !
Autrement le challenge organisé par Villeurbanne avec comme parrain Johan Zarco est la meilleur formule pour les jeunes aujourd’hui, ensuite…. Bon courage !
cyber : A cet instant précis quelle est ta principale préoccupation ?
Faire en sorte que mes enfants s’épanouissent. Faire en sorte que BMW France gagne de nouveau. Faire en sorte que mes jeunes pilotes deviennent de « grands » pilotes. Et surtout continuer à prendre du plaisir à enseigner !
Clement Marmont