Eric Delcamp : du pilote moto à l’ingénieur en mécanique appliquée
Cybermotard a rencontré « Le Sorcier » alias Eric Delcamp, ancien pilote de mondial superbike reconverti en ingénieur et concepteur de suspensions moto.
Eric Delcamp avec Axel Maurin au supersport de Magny CoursLe secret de la réussite d’Eric Delcamp : être sur le terrain au plus près des pilotes ! |
Cybermotard - La majorité des pilotes actuels te connaissent comme fabricant d’amortisseurs, mais une carrière resplendissante de pilote moto a occupé ta vie dans les années 80 ?
Eric Delcamp - Oui, en 1985 j’ai gagné les Promosport 750cc en réalisant un grand chelem de 9 victoires sur 9 courses. L’année d’après, j’ai remporté le titre en Superbike (ou plutôt en « production » (ça s’appelait comme ça !). En 1988 (c’était la naissance du WSBK) j’ai participé à 3 courses du championnat du monde Superbike : Hongrie 6e, Allemagne 5e, France 2e et j’ai terminé avec le tiers des points du champion du monde Fred Merkel qui avait participé aux 9 courses ! Cette année là, j’ai couru aux 200 milles de Daytona où j’ai eu le bonheur de pouvoir prendre la roue de Kevin Schwantz pendant quelques tours !! Concernant l’endurance, j’ai été intégré dans des teams officiels (SERT, TKF) et cela m’a permis de terminer 5 courses de 24 heures sur le podium et de courir à Suzuka.
Cyber – Comment est née cette reconversion de pilote à ingénieur en mécanique appliquées ?
E.Delcamp – Et bien je m’intéressais beaucoup à la mise au point de mes machines de course, aussi bien au niveau moteur que dans la partie cycle. J’ai démonté (puis remonté) mon premier amortisseur à l’âge de 18 ans, j’ai dessiné et construit une partie cycle à moteur 50cc Kreidler. La moto pesait 45 kg en ordre de marche, atteignait 170 km/h et j’ai gagné au Mans dès sa première sortie, j’avais 19 ans ! D’une façon générale, mes motos étaient très efficaces… Quand j’ai arrêté de courir j’ai monté une Société avec Jean Pierre Fournales où l’on fabriquait des amortisseurs travaillant en extension ainsi que des suspensions de VTT puis j’ai fait un « break ». En 2000, j’ai conçu un amortisseur qui ne pouvait pas « caviter » et puis je l’ai mis en production et on a gagné dès 2001.
Cyber – Aujourd’hui tes amortisseurs sont considérés comme les meilleurs produits français et européen par un grand nombre de pilotes de l’hexagone. De plus, il semble qu’il y ait peu de clients déçus de la performance de tes créations ! Quel est le secret de cette réussite ?
E.Delcamp – Je suis présent à toutes les épreuves pour effectuer mon développement. En plus, j’accompagne mes pilotes dans d’autres domaines comme le choix de la démultiplication, des pneus, la position sur la moto, la technique de pilotage, la stratégie etc…
J’essaye de leur transmettre ma « science de la course », donc évidemment, quand je suis là ça va mieux ! Vu de l’extérieur pas mal de gens pensent que je suis indispensable pour régler mon amortisseur. Mais en fait, on peut considérer que cette partie là ne représente que 1 % de mon travail, le reste étant de veiller à l’équilibre général de la partie cycle (fourche, centre de gravité, assiette etc…), de surveiller les problèmes périphériques tels que les colonnes de direction déréglées etc… je mets à profit mon savoir technique et mon expérience de la course.
Cyber – Delcamp Energie en quelques chiffres ?
E.Delcamp - Nous évoluons dans un domaine où il vaut mieux être compétent que nombreux. Delcamp Energie compte actuellement 3 personnes.
Nous produisons entre 50 et 100 amortisseurs par an, autant d’amortisseurs de direction, quelques centaines de fourches et amortisseurs préparés sont aussi à notre actif et il y a du développement à gogo. 130 victoires ont été remportées avec notre amortisseur, ainsi qu’une quinzaine de titres… (Et à peu près autant avec des préparations)
Cyber – Quels sont tes projets futurs, comment vois tu l’évolution de Delcamp Energie ?
E.Delcamp – Bien sûr, j’aimerai aller en Mondial, pour cela, il faut faire un peu de « politique » et s’organiser différemment, (beau camion, belles chemises…)
On a participé à la Moto2 de Stéphane Duterne, mais le temps imparti et le budget ne permettaient pas de faire quelque chose de vraiment innovant, cette moto est donc restée « conventionnelle », mais on n’a pas dit notre dernier mot !
On est bon sur le plan technique et on va s’organiser sur le plan commercial. L’activité « pédagogique » va se développer car l’utilisateur est en demande.
On a une fourche à l’étude, sa sortie dépendra des débouchés commerciaux.
Cyber – On sait que tu es un excellent coach en course, avec un « œil » particulièrement fin de ce qu’il se passe sur la piste ; si tu devais te reconvertir à nouveau dans quel domaine le ferais-tu ?
E.Delcamp - Team manager, à condition d’avoir suffisamment de budget pour faire tourner une équipe dans de bonnes conditions et avec pour objectif de gagner !
Merci a Eric Delcamp pour cette interview !
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Clement Marmont