CEV Moto2 : Les Japonais de NTS T Pro accordent leur confiance à Cecile Bombled.
Entretien avec Cécile Bombled en marge de l’épreuve du FIM CEV REPSOL du 10 au 12 juin 2016 sur le circuit de Barcelone.
Jeune télé métricienne de 28 ans, née à Aix en Provence, elle exerce sa passion au sein d’un Team de haut niveau en Moto2 en CEV.
Interview réalisée par Jean de Mata.
A 28 ans, Cecile Bombled a réussit à gagner la confiance des responsables japonais du team NTS T Pro en championnat Espagnol de vitesse.
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Cybermotard : Comment es-tu arrivée dans le milieu de la compétition moto ?
Cecile Bombled : C’est mon papa motard qui m’a transmis la passion de la moto, je n’ai pas encore le permis mais je pratique le motocross et aussi le super motard et pourquoi pas à l’avenir la vitesse car j’en ai de plus en plus envie.
Mes premiers pas dans la compétition furent au côté de mon cousin Sébastien Prulhiere qui a couru en FSBK et EWC. Plus j’avançais dans mes études et plus il me donnait plus de responsabilité. Un beau jour il m’a mis dans les mains une acquisition de donnée italienne AIM et il a fallu que j’apprenne à m’en servir. L’aventure s’est ensuite arrêtée faute de budget.
Contactée par Guillaume Dietrich j’ai assuré sa télémétrie durant 1 an et demi en FSBK. Ma rencontre avec Laurent Pradon m’a permis d’aller encore plus haut et arriver là où je suis aujourd’hui. ( Laurent Pradon est le chef mécanicien de l’équipe, nous en avons parlé lors de notre rencontre dans ses locaux de Marsanne en février 2016)
Cybermotard : Explique-nous avec des mots simples en quoi consiste ton Job au sein du Team NTS T PROPROJECT
Cecile Bombled : La télémétrie consiste à enregistrer un maximum de données, pour cela on installe un boîtier sur la moto, ce module est relié à différents capteurs, le nombre étant choisi en fonction des données à récolter, cependant leur nombre est parfois limité par le budget.
Pour la machine sur laquelle je travaille on a placé entre autres, des capteurs sur suspension avant et arrière qui vont nous permettre d’enregistrer l’enfoncement et la vitesse d’enfoncement sur tous les tours et tous les points du circuit.
Un capteur de vitesse roue avant et roue arrière, un capteur de contrôle de poignée de gaz, un capteur de pression de frein avant et arrière, etc…
On récupère aussi tous les signaux envoyés par le boîtier moteur pour pouvoir retoucher les cartographies d’injection.
Mon travail est de faire en sorte que tous les capteurs soient calibrés à chaque fois que la moto sort en piste de façon d’être sûr d’avoir les bonnes informations , et de décharger le boîtier lorsque la moto rentre au box afin d’analyser les données au plus vite, en séance si on a besoin de modifier rapidement les réglages ou en fin de séance pour analyser et en discuter avec le pilote notre pilote Alan Techer , afin de valider certaines des modifications que nous avons pu apporter sur le châssis ou le moteur et de voir l’impact que cela a eu.
Le but final est de voir si les modifications que l’on a faites vont dans le bon sens pour améliorer au maximum les chronos.
Une fois les données récupérées nous disposons d’un logiciel qui nous permet d’afficher les résultats sur notre ordinateur sous la forme de courbe dans une fenêtre centrale principale qui représente tous les capteurs que nous avons placés ensuite nous avons de petites fenêtres que l’on peut balader sur les courbes nous permettant la visualisation point par point sur les différentes portions du circuit.
J’ai actuellement entre 10 et 20 capteurs en fonction des besoins qui retranscrivent entre 40 et 50 signaux que l’on peut analyser sous forme de courbe.
Cybermotard : Comment se passe ta relation avec un staff Japonais ?
Cecile Bombled : Je suis partie 3 mois au Japon, c’est un pays que j’apprécie énormément, ils ont une mentalité très différente de la nôtre et je trouve fantastique de travailler avec des personnes qui n’ont pas la même façon de penser que nous.
L’équipe est constituée du constructeur de la moto et c’est génial car il est présent sur toutes les courses. Si nous avons besoin d’une modification majeure et cela s’est déjà produit, il rentre au Japon, fait fabriquer la pièce et nous pouvons en disposer rapidement.
Le plus compliqué reste la barrière de la langue, nous parlons tous Anglais mais chacun parle l’anglais de chez lui.
Par rapport à nous, ils sont un peu pressés pour faire évoluer la moto, ils aimeraient faire plus souvent des modifications drastiques mais notre chef mécano qui a une très grande expérience est là pour limiter leurs ardeurs car une Moto2 c’est très pointu et si l’on opère des changements importants on peut passer à côté et aller droit dans le mur.
Sur certains week-ends on a peut-être l’impression de tourner en rond malgré les modifications apportées. C’est un challenge et avec les Japonais plus qu’avec les autres, il faut faire ses preuves, ma façon de travailler leur a plu et ils m’ont accordés leur confiance ce qu’ils ne font pas facilement, d’autant plus avec une femme. Je me mets donc la pression par rapport à ça.
Cybermotard : parle nous de ton cursus scolaire et professionnel.
Cecile Bombled : Après un Bac Scientifique et un IUT Génie Mécanique j’intègre l’INSA de Lyon Ce diplôme d’ingénieur m’ouvrait différent horizon professionnel. Depuis 4 ans et demi je travaille pour la société Liebherr à Toulouse. Je suis Ingénieur Produit, je m’occupe de ce que l’on appelle le « Pack conditionnement d’air » c’est-à-dire tout le système de pressurisation que l’on trouve dans les avions que ce soit civil, militaire ou privé.
Cybermotard : Le mot de la fin, comment te définies-tu ?
Cecile Bombled : Passionné et rigoureuse, je place la barre toujours plus haut et je ne me pardonne rien.