GP d’Italie : Le dernier mot pour Ken Roczen (MX2) et Clément Desalle (MX1)
Sur le magnifique circuit de Fermo, les 11 et 12 septembre 2010, Ken Roczen (Suzuki 250 RMZ) et Clément Desalle (Suzuki 450 RMZ) mettent un point d’honneur à s’imposer dans l’ultime rendez-vous des championnats du Monde MX2 et MX1. Ils profitent, tous deux, des faux pas de Marvin Musquin (KTM 250 SXF) et Antonio Cairoli (KTM 350 SXF) déjà titrés. Si Gautier Paulin (Yamaha 250 YZF) s’offre un nouveau podium en MX2, c’est à la résurrection de Sébastien Pourcel (Kawasaki 450 KXF) que nous assistons en MX1, entraînant dans son sillage Xavier Boog.
Si KTM rafle tous les titres mondiaux (MX1, MX2 et féminin), les teams officiels Suzuki trustent les podiums du GP de Fermo avec Ken Roczen (ici au centre) en MX2, Larissa Papenmeier chez les filles et le doublé à égalité de point en MX1 pour Clément Desalle (à droite) et Steve Ramon (à gauche). |
Généralement, lorsque les titres sont déjà attribués, le dernier rendez-vous de l’année sent fortement l’écurie. Seuls les pilotes du crû ou ceux qui ont encore une place honorifique à jouer tournent encore à plein régime. Le reste du pack roule tranquillement en attendant le MX des Nations (MXDN, le championnat du Monde par équipe) ou tout simplement les vacances.
Cette fois, au contraire, tous les acteurs se sont livrés, sans calcul, sans arrière-pensées justement quant au MXDN sur le pentu et spectaculaire tracé de Fermo (situé au centre de l’Italie, non loin de la côte adriatique).
Un tracé intéressant, un public nombreux, du soleil et des pilotes motivés. Tels sont les ingrédients du cocktail détonnant qui aboutit au plus beau Grand Prix de la saison.
Si ponctuellement, les courses se sont révélées enthousiasmantes dans l’une ou l’autre des cylindrées, rares sont les fois où le feu prend dans les deux simultanément. Alors si vous y ajouté une colonie tricolore prêt à jouer les pyromanes de service…
Ken Roczen, le Teuton flingueur du MX2
Marvin Musquin (Red Bull KTM) peut être soulagé d’avoir décroché, il y a déjà trois rendez-vous, le titre mondial MX2 grâce à un superbe début de saison car Ken Roczen finit en boulet de canon.
Est-ce l’émergence de Jeffrey Herlings (Red Bull KTM), l’impatience de gagner des manches et des Grands Prix ou la précipitation de jouer le titre, toujours est-il que l’officiel Teka Suzuki Europe doit attendre Lommel, début août, pour connaître le déclic. Depuis, l’Allemand s’est montré insatiable : sept victoires de manche sur dix possibles, deux secondes places et un abandon alors qu’il menait.
A Fermo, le jeune Germain domine de nouveau outrageusement en prenant les devants dès les premiers tours. Il tue tout suspense et remporte le GP d’Italie (1er/1er). Et si Musquin ne s’en laisse pas compter (2e en manche 1), on sent mal la tendance s’inverser entre les deux garçons. A la décharge du Français, il faut préciser qu’il étrenne en course la toute nouvelle KTM 250 SXF à injection, pas encore totalement au goût du double World Champ’ MX2 (2009, 2010). Filant droit vers la deuxième place du GP, une chute en manche 2 le contraint à l’abandon et il prend le dixième rang.
Finalement, la deuxième marche du podium du GP revient à l’autre homme fort de cette fin de saison, Gautier Paulin. Malgré une adaptation délicate au circuit, le pilote officiel Yamaha Rinaldi Monster réalise deux manches consistantes (4e/3e), bataillant au passage avec Arnaud Tonus. Le coéquipier suisse de Roczen chez Teka Suzuki Europe, très incisif sur ce tracé technique, en profite pour monter sur son premier podium mondial MX2 (5e/4e).
Derrière Steven Frossard (Kawasaki CLS), quatrième du GP (11e/2e) et assuré de finir troisième du championnat, le dernier suspense concernait l’attribution des quatrième et cinquième places. Herlings définitivement forfait, la lutte s’est restreinte à Zach Osborne (Yamaha UK Bike-It) contre Joël Roelants (Nestaan KTM JM Racing). Et si le Belge (6e/6e) devance l’Américain (8e/5e) au général du GP, c’est ce dernier qui prend l’avantage au classement final, pour un minuscule point décroché dans les derniers tours de la saison.
Enfin, comment passer sous silence la très belle performance du pilote Rockstar Kawasaki Bud Racing, Michael Leib. L’Américain trouvant une piste à sa convenance a fait étalage de ses capacités et accroche la septième place du classement du jour (7e/7e).
MX1 : Que du bonheur
S’il est arrivé parfois que les courses MX1 soient soporifiques, il n’en fut rien en Italie. On peut même affirmer, sans risque de se tromper, qu’un tel week-end nous réconcilie avec la cylindrée.
Quel plaisir de voir enfin Steve Ramon doubler quelqu’un pour prendre la tête d’une manche et la remporter ! Quel plaisir d’assister à la victoire de Clément Desalle alors qu’on l’avait quitté meurtri au soir de Lierop ! Quel plaisir de constater que la baisse de régime de Xavier Boog n’était due qu’au caractère particulier de ce même tracé hollandais et que son genou semble bien tenir ! Quel plaisir de revoir, enfin, Sébastien Pourcel au presque niveau qui est le sien et jouer la gagne !
En fait, quel plaisir de s’apercevoir qu’Antonio Cairoli (Red Bull KTM) n’est pas seul en course et que le reste du pack MX1 n’est pas là en tant que faire-valoir. Des manches avec quatre pilotes en lutte au coude à coude - voire même de front quelques fractions de secondes – ne sont pas légion, qui plus est pour la victoire de manche. C’est pourtant à ce genre de scénario que nous avons eu droit.
S’il est vrai que la blessure (ligaments de la cheville) en première manche du Champion du Monde MX1 2010, Antonio Cairoli, a libéré une place aux avant-postes, il n’est en aucun cas certain que le Sicilien se soit imposé, à cause d’un départ complètement loupé. Forfait dans le second débat, Tony a dû apprécier le spectacle offert par ses camarades de jeu.
Bien que l’Histoire ne retienne que le nom de Clément Desalle comme vainqueur du GP d’Italie MX1 2010 (4e/1er), il semble difficile d’oublier l’autre officiel Teka Suzuki Rockstar, Steve Ramon, puisque ce dernier termine à égalité de points (1er/4e). De même, la troisième place de Sébastien Pourcel (3e/2e) - qui échoue à une petite unité des deux Belges - pourrait être associée tant le pilote officiel Kawasaki Racing Team revient de nulle part après deux saisons gâchées par les blessures.
Le Français devance, au classement général, son compatriote et équipier sous l’auvent KRT, Xavier Boog (4e/5e). L’Alsacien revient au meilleur moment sur le devant de la scène alors que sa titularisation au sein de l’équipe chargée de défendre nos couleurs au MXDN fait débat suite à ses récents résultats.
David Philippaerts (Yamaha Rinaldi Monster) et Max Nagl (Red Bull KTM) étaient, eux aussi, attendus pour cette dernière confrontation. En lice pour le dernier accessit du podium final du Mondial MX1, Max Nagl (6e/3e) échoue à quatre points de l’Italien (7e/6e), pourtant diminué par une entorse du genou en manche 2.
Les deux hommes précèdent Joshua Coppins (Aprilia Factory Racing) qui, pour sa dernière apparition en Mondial, signe une belle prestation. Le All Black termine au septième rang du GP (10e/7e).
Enfin, la dernière bonne surprise est à mettre à l’actif du revenant (encore un) Grégory Aranda. Pour sa reprise de la compétition, le Sudiste amène un peu de joie dans le team Rockstar Kawasaki Bud Racing en terminant à la dixième position du Grand Prix (11e/10e) tandis que son équipier Nicolas Aubin se fracture le coccyx dans un accrochage.
David Morin